Ordonnance du Docteur Zicmu: 


Dry lightning (The ghost of Tom Joad


   « Je m'asseyais à mon tour, raflant mon verre au passage. « ...Just dry lighting and you on my mind. » Springsteen répandait la lumière dans le salon et s'insinuait dans nos esprits. » La chanson chatouilla les oreilles de Nelson Valbo, une remarque de Gina Landrow s'insinua entre les notes. Rien ne vous empêche de l'apprécier à votre tour. 

La mouise en toile de fond

   The Ghost of Tom Joad (l'album), pourrait être Les Raisins de la colère revus par Clint Eastwood. Tom Joad est le personnage principal du roman de Steinbeck « Les Raisins De La Colère » pour lequel il reçu le Prix Pulitzer, et qui parle de la pauvreté, et de la misère. Dans le film homonyme Tom Joad est interprété par Henry Fonda. L’intrigue se déroule pendant la grande dépression de 1929, on suit les aventures d’une famille de pauvres métayers, les Joad, qui sont contraint de quitter l’Oklahoma à cause de la sécheresse, des difficultés économiques et des bouleversements dans le monde agricole. Alors que la situation est quasiment désespérée, la famille fait route vers la Californie avec des milliers d’autres habitants de l’Oklahoma, à la recherche d’une terre, de travail et de dignité. Ce n'est pas toujours gagné.  

Ses burnes n'étaient pas en or

   D’aucuns s’étonneront encore qu’un mec cousu d’or se permette d’écrire et de chanter « douze chroniques sur les oubliés de l’Amérique ». Un gars qui collectionne les disques de platine et les villas sur les deux côtes des States, celui qui apparaît régulièrement dans le classement annuel de Forbes, comment peut-il être crédible quand il pleurniche sur le sort des sans-abri ? En fait, Springsteen ne peut se conjuguer avec imposture pour une raison toute simple: il n’est pas né avec des burnes en or. Avant de connaître gloire et succès, Bruce a fait ses classes de blue collar : vingt-cinq ans d'une vie de prolo dans le New Jersey, vingt-cinq ans de fins de mois à l'arrache avec un père chauffeur de bus, une mère au foyer, vingt-cinq ans dans un petit pavillon acheté à crédit au fond d’une banlieue de cet état qu’on surnomme l’aisselle de l’Amérique. Comme partout ailleurs on refoule des dessous de bras, surtout non rasés. Et puis, coup d'bol, le « Boss » a décroché la lune mais, en son for intérieur, ne supporte pas que ce rêve soit inaccessible au plus grand nombre.
The Ghost of Tom Joad, c’est le fantôme de cette débâcle économique, sociale et mentale qui hante l’Amérique post-Bush. La crise de 29 s’appelait aussi la Grande Dépression. D’où ce disque qui vous colle le cafard aux semelles, aussi bien en ville que dans la cambrousse. 

Types ratiboisés

« Dry Lightning » est une chanson, une page de l’histoire de l’Amérique, une photographie de cette terre soit disant promise, devenu un véritable enfer pour de nombreux êtres humains, oubliés, affamés, humiliés du fameux Rêve américain. Un disque où la mouise vous saute à la gorge en pleine cambrousse. Dry Lightning n'est pas sinistre, non, c'est juste une virée dans le quotidien de types usés, ratiboisés, Vietnam Vets, cow-boys mexicains, piliers de bars, julots casse croûte, de fleurs de bitume fanées, routards, passeurs de dopes, d'arpions marinant dans des bottes, de crottins de canasson piaffant dans le corral. Accompagnement minimal (guitare, harmonica, quelques cordes). Le tout traité façon péquenots, rustique, spartiate, avec des notes s'accrochent aux cactus, s'envolant dans la poussière au gré du vent ou se noyant dans un verre de bourbon. 

Dry Lightning (éclair sec) 

« I threw my robe on in the morning 
Watched the ring on the stove turn red 
Stared hypnotized into a cup of coffee 
Pulled on my boots and made the bed 

Screen door hangin' off its hinges 
Kept bangin' me awake all night 
As I look out the window 
The only thing in sight 

Is dry lightning on the horizon line 
Just dry lightning and you on my mind 

I chased the heat of her blood 
Like it was the holy grail 
Descend beautiful spirit 
Into the evening pale 

Her appaloosa's 
Kickin' in the corral smelling rain 
There's a low thunder rolling 
'Cross the mesquite plain 

But there's just dry lightning on the horizon line 
It's just dry lightning and you on my mind 

I'd drive down to Alvarado Street 
Where she'd dance to make ends meet 
I'd spend the night over my gin 
As she'd talk to her men 

Well, the piss yellow sun 
Comes bringin' up the day 
She said « Ain't nobody can give nobody 
What they really need anyway » 

Well, you get so sick of the fightin' 
You lose your fear of the end 
But I can't lose your memory 
And the sweet smell of your skin 

It's just dry lightning on the horizon line 
Just dry lightning and you on my mind » 

______ 

« J’ai enfilé mon peignoir ce matin 
J’ai regardé la plaque de la cuisinière virer au rouge 
Hypnotisé, mes yeux étaient rivés sur une tasse de café 
J’ai enfilé mes bottes et j’ai fait mon lit 

La porte d’entrée sortie de ses gongs 
En cognant, m'a empêché de dormir toute la nuit 
Alors que je regarde par la fenêtre 
La seule chose en vue 

Ce sont des éclairs secs sur la ligne d'horizon 
Rien que des éclairs secs et c'est à toi que je pense 

J’ai poursuivi la chaleur de son sang 
Comme si c’était le Saint-Graal  
Descend, bel esprit 
Dans cette pâleur du soir 

Son appaloosa  
Sentant la pluie, rue dans le corral 
Il y a un tonnerre sourd qui gronde 
A travers la plaine d'acacias 

Mais il n'y a que des éclairs secs sur la ligne d'horizon 
Rien que des éclairs secs et c'est à toi que je pense 

Je conduisais jusqu'à Alvarado Street 
Où elle dansait pour joindre les deux bouts 
Je passais la soirée le nez dans mon gin 
Alors qu’elle parlait à ses hommes 

Le soleil jaune pisseux 
Vient apporter le jour 
Elle a dit: « Il y a personne qui peut donner à personne 
Ce dont on a vraiment besoin, de toute façon » 

Tu en as tellement marre de te battre 
Que tu perds ta peur de la fin 
Mais je n’arrive pas à perdre ton souvenir 
Et la douce odeur de ta peau 

Ce sont des éclairs secs sur la ligne d'horizon 
Rien que des éclairs secs et c'est à toi que je pense »

Un coup d'blues ? Matez ça: 


Un dernier pour la route ! The ghost of Tom Joad (la chanson) 


Que cela ne vous empêche pas d'écouter l'album en entier ! 
Posologie: 1 dose par jour, à n'importe quelle heure de la journée
Docteur Zicmu. 





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