31/03/2017

Zoom sur un élément de l'enquête: 

Le système MELMER 

  Si Max Heiliger n'existait pas Melmer existait bel et bien. Le SS Hauptsturmfuhrer Bruno Melmer fut à l'origine du Système qui porta son nom. Il servit de 1942 à 1944 à la tête de l'Amtskasse-Hauptabteilung (Section principale de caisse administrative) A/II/3 sous le commandement immédiat du général SS Gustav Eggert, lequel était à la tête du Bureau A/II - Kassen und Besoldungswesen (Caisses et salaires). Il effectuait les allers et retours avec les camps de concentration pour ramasser tout ce qu’il pouvait comme dents en or, alliances, bijoux, montres en or afin de les acheminer vers Berlin. En raison des rapports établis par la Commission suisse Bergier et le Bureau des enquêtes spéciales du Département de la justice des États-Unis, nous avons une image très claire de l'origine de l'or nazi.
  Hitler avait spécialement organisé des unités spécialisées dans le vol des banques, des entreprises et des possessions individuelles pour l'or et l'argent, les bijoux et la monnaie. Il a vidé les banques centrales des pays qu'il occupait et a transféré de l'or et des bijoux des camps de concentration à la Reichsbank. Les statistiques sommaires de l'or volé échangé ensuite en marques suisses sont les suivantes: D'après le rapport suisse Bergier susmentionné, la valeur estimée de l'or qui est allé à la Suisse était d'environ 4 milliards de dollars - dont 2,7 à 2,8 milliards de dollars, a été volé. Barres d'or et d'argent, pièces de monnaie, argent et or de table, bagues, montres, or dentaire, etc. - tous ces biens furent estimés à 40,5 millions de dollars.
   Près de 8 millions de dollars d'or victime provenant du compte Melmer sont allés à la Dresdner Bank et à la Deutsche Bank, deux banques commerciales privées allemandes, et ont été vendus sur le marché libre turc dans le cadre d'un régime de devises étrangères à la Reichsbank, diplomates et agents financent leurs opérations en Turquie.
Plus de 2,6 milliards de dollars d'or nazi ont atteint le Portugal, l'Espagne, la Suède et la Turquie pendant la guerre. Les trois quarts de ce montant ont été transférés de l'Allemagne à la Banque nationale suisse. Le flux d'or de l'Allemagne vers ces pays a continué tout au long de la guerre malgré l'avertissement des Alliés contre l'acceptation de l'argent nazi dont l'origine criminelle était si évidente.
Ci dessous un document émis par le médecin SS du camp de Buchenwald concernant la récupération d'or dentaire. La traduction a été rajouté après la découverte du document. 


Et voici une partie de cet or que le capitaine Melmer prélevait à chaque tournée. La photo a été prise dans une galerie d'une mine de sel de Merkers en Thuringe. 


   Une autre source d'or nazi n'a été découverte que récemment; Et c'est l'étrange histoire de l'or Ustashi. Le régime Ustashi était un mouvement ultranionaliste croate dirigé par Ante Pavelic et allié de l'Allemagne nazie. Elle a systématiquement et impitoyablement volé, assassiné ou déporté ses populations serbes, sinti-romani, tsigane et juive. L'or et d'autres objets de valeur de toutes ces victimes sont devenus une partie de la trésorerie Ustashi, et peut-être estimé à 80 millions de dollars. Des parties de ce trésor semblent avoir été transférées en Suisse au cours de la dernière année de la guerre.
  Depuis longtemps, l'Allemagne a répondu à son passé. Il a fourni 60 milliards de dollars de fonds pour les survivants de l'Holocauste. L'Allemagne a également pris une décision concernant le Congrès juif mondial et la Conférence sur les revendications matérielles en 1999 pour mettre en place un fond de 110 millions de dollars pour payer les pensions aux survivants de l'Holocauste qui étaient prisonniers derrière le rideau de fer pendant l'après-guerre durant la guerre froide. Ce fond n'a jamais été compensé directement par l'Allemagne.
La Banque nationale suisse a versé une contribution de 75 millions de dollars au fond humanitaire. Les trois grandes banques suisses privées ont contribué, ainsi que d'autres sociétés suisses, à élever la somme à 200 millions de dollars.
Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 
  

Zoom sur un élément de l'enquête: 

 Qui était Max Heiliger ? 

  Non, vous ne verrez jamais sa bobine ! Vous ne saurez jamais où ce type est né, ni quelle était sa carrière, ni son grade. Mais alors qui est-il ? Si vous vous attendiez à ce que ce soit un individu compromis dans un trafic quelconque vous vous fourrez les doigts dans le nez. Quoique, le mot trafic s'y applique. En fait sous ce nom ce cachait... un compte bancaire. Et oui, le seul élément humain c'est le prénom; pour le reste suivez le guide. Attention ! Cynisme. Max Heiliger était un nom fictif créé par les nazis sous l'autorité de président de la Reichsbank, Walther Funk grâce à un arrangement secret avec le chef de la SS, Heinrich Himmler. 

  Sous cette identité l'administration de la SS avait l'habitude d'établir des comptes bancaires pour blanchir des objets précieux volés des déportés assassinés dans les camps de concentration et d'extermination. Les devises, les bijoux, l'or, les alliances et l'or fondu des montures de lunettes et des prothèses dentaires approvisionnaient les comptes de Max Heiliger, remplissant complètement plusieurs coffres de banque avant 1942. Ce compte était aussi parfois utilisé pour écouler des objets précieux aux mont-de-piétés municipaux de Berlin. 

  D'autres codes associés aux transferts des biens des victimes ont inclus le système Melmer, « Besitz der umgesiedelten Juden » (la propriété des Juifs déménagés) et Reinhardtfonds. Ce dernier nom était une référence voilée à l'Aktion Reinhardt. Le mot umgesiedelten masquait la véritable nature des marchandises, puisque les victimes étaient (selon l'euphémisme employé) « déménagées » dans un camp de concentration. L'utilisation du nom « Heiliger » était une plaisanterie cynique, puisque le mot signifie le saint, du mot heilig (saint). Un tel « humour » était en vogue dans les cercles nazis. Par exemple, le chemin à sens unique à la chambre à gaz au camp d'extermination de Sobibor était appelé Himmelstrasse, ce qui signifie « la Rue du Ciel ». Ci dessous un exemple de message entre un officier SS au sujet d'un de ces sinistres « déménagement » à un autre officier SS. 



« 12. OMX de OMQ  1000  89 ? ? 
Affaire secrète du Reich ! Au service de Sécurité du Reich, à l'attention du lieutenant-colonel SS EICHMANN, BERLIN ...reliquat (missed ?)   
« 13/15. OLQ de OMQ  1005  83  234  250 
Affaire secrète du Reich ! Au commandant de la Police Secrète, à l'attention du lieutenant-colonel SS HEIM, CRACOVIE. 
Objet: Annonce mise en oeuvre 14 jours REINHART. Référence: dort. Fs. Accès jusqu'au 31.12.42, L 12761, B 0, S 515, T 10335 ensemble 23611. Situation... 31.12.42, L 24733, B 434508, S 101370, T 71355, ensemble 1274166. 
Chef SS et Pol. LUBLIN, HOEFLE, Commandant. 
Les lettres L, B, S, T correspondent aux camps de Lublin, Belzec, Sobibor et Treblinka. Il est à noter qu'il y a une erreur dans le nombre de déportés. 24733+434508+101370+71355 = 631966 et non 1274166. Le message est erroné, il y a 642200 victimes en plus !  Et c'est REINHARDT avec un D.  
Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 

30/03/2017

Zoom sur un élément de l'enquête: 

La Maison Rouge. 

  Le 10 août 1944, une réunion secrète organisée par le RSHA (Reichssicherheitshauptamt) - Office Centrale de la Sécurité du Reich - eu lieu à l’hôtel Maison Rouge à Strasbourg. Elle réunit des représentants de banques et industries allemandes (Krupp, Büssing AG, Rheinmetall, Messerschmitt) et plusieurs officiers de la SS et de l'Organisation Todt, le ministère de la marine et de l'armement allemands: anticipant la défaite, ils décident de préserver la puissance financière du Reich. Les industriels et banquiers allemands sont chargés de transférer des sommes d'argent issues en partie de l'or nazi (lingots d'or, devises, actions et obligations) dans des sociétés écran à l’étranger (plus de 200 en Suisse, une centaine en Espagne et en Argentine et quelques autres au Liechtenstein), se préparant ainsi à financer un nouveau parti nazi qui se transformera en organisation clandestine et s'efforcera de reconquérir le pouvoir. 
Pour comprendre ce qu'était le RSHA, dont le public ne connait que le 4eme Bureau (Amt IV): la sinistre Gestapo, vous pouvez lire l'organigramme de cette organisation, ci dessous. 
Le RSHA sera dirigé par le SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich (jusqu'à sa mort en 1942) puis par le Reichsführer SS Heinrich Himmler et ensuite par le SS-Obergruppenführer Ernst Kaltenbrunner.  


  L'hôtel Maison Rouge était situé au 22 place Kléber, le bâtiment sera démoli en août 1973, à la place sera construit un immeuble abritant la succursale d'une chaîne de distribution spécialisée dans le multimédia. Ci dessous une vue de l'hôtel dans les années 20. 


 Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 


  

29/03/2017

Tranche de vie: 

Un nom au fil des pages. 

  Certaine éléments de l'enquête mené par Nelson Valbo proviennent d'un livre paru en 1979, édité par une grande maison d'édition parisienne. Le sujet était si brûlant que l'éditeur le retira de son catalogue suite à des menaces qu'il confirmera lors d'une émission littéraire animée par B. Pivot. Le fondateur de cette maison d'édition quittera la maison d'édition en 1991. Le sujet du livre était si brûlant que l'auteur du livre qu'il décédera d'un « infarctus » en 1978. Il est à noter que deux autres journalistes ont perdu la vie au cours de l'enquête; de façon violente. Celle de l'auteur fut sans doute tout aussi dramatique mais l'on a préféré l'a trouver « naturelle ». 

Quel est son nom et quel était le sujet de l'enquête ? 

   « L'Affaire Frankenheim » traite d'une banque privée allemande « aryanisée » en 1936 par les nazis. En 1942, une partie des biens personnels des propriétaires juifs furent transférés à la SS; sans que ceux ci ne soient inquiétés jusqu'à ce que la Gestapo les arrête suite à la tentative d'assassinat d'Hitler, le 20 juillet 1944. Ils seront ensuite libérés par les Alliés. Laszlo Deutsch évoque cette partie de l'histoire de cette banque, jugée opaque sur bien des plans. Suite à la disparition de l'auteur, un de ses amis retranscrira le manuscrit et le fera éditer sous le nom de l'auteur.  

Quel était le nom de cette banque et existe t-elle toujours ? 

  Frankenheim est un nom fictif mais la véritable identité fut facile à deviner, si facile que Laszlo Deutsch l'aura payé de sa vie. La thèse de sa mort naturelle tient aussi facilement que le nom fictif utilisé. Cette banque s'appelait et s'appelle Sal. Oppenheim, en 2010 elle fut rachetée par la Deutsche Bank et s'est réinstallée à Cologne qu'elle avait quittée en 2007. 
   « La seule chose qui puisse les terroriser, aujourd'hui, c'est la publicité. Quand la vérité aura éclaté, il sera trop tard pour qu'ils s'en prennent à l'auteur. Ils pourront, évidemment, déformer ou détruire certaines preuves. Mais ils feront l'impossible pour mourir tranquillement, rassurés à la pensée de leurs secrets inviolés. » 
  Ce fut l'un des derniers si ce n'est le dernier commentaire fait par Laszlo Deutsch avant son « infarctus ». Il est possible de dénicher ce livre chez un bouquiniste dont voici la couverture. 




  Si vous le dénicher chez un bouquiniste, n'hésitez pas achetez le. Si des pans de l'Histoire contemporaine vous intéresse, sinon, je n'sais pas, restez avachie sur un canapé en matant des individus imbus de leur personne au QI proportionnelle à l'épaisseur d'une page de livre. La curiosité intellectuelle n'est pas un vilain défaut. 
Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture !  

27/03/2017

Tranche de vie: 

À la rencontre d'un personnage au hasard des pages. 


Qui est-ce ? 

  Le nom (modifié par respect pour elle et sa famille) de cette personne apparaît lors de l'enquête mené par Nelson Valbo. Dans la réalité cette dame a été une des trop nombreuses femmes dont les actions sont méconnues par les vulgum pecus actuels. La guerre n'aurait pas été écourtée mais elle a permit de mettre des bâtons dans les roues de la Wehrmacht. Ne sortez pas les colifichets patriotiques, ne chantez pas (faux la plupart du temps) la Marseillaise ! Non, non, non, vous auriez tout faux. Résumons son histoire. 
 Née Davidson, Dora Schaul travaillait dans une école de commerce d'Essen en Allemagne. Elle s'exila à Amsterdam puis en France en 1934. Elle était juive. Frappé par la législation mis en place par le gouvernement Daladier concernant les étrangers, à la déclaration de guerre elle se déclare à la Préfecture de Paris pour ne pas être confondue avec les nazis. 
  Elle est alors arrêtée et internée à la Petite Roquette le 16 octobre 1939 comme « ressortissante d'une puissance ennemie et étrangère indésirable ». Elle sera transférée le 18 au camp de Rieucros, en Lozère. C'était un camps de femmes étrangères essentiellement des antifascistes allemandes ou des républicaines espagnoles. Elle y restera jusqu'à la fermeture du camp en février 1942. Toutes les femmes seront transférées au camp de Brens dans le Tarn. D'où elle s'évadera le 14 juillet 1942. Elle échappera à la déportation des allemandes et des quelques polonaises ayant eu lieu un mois plus tard. 
  Un mois après son évasion elle rejoint Lyon et s'engagera dans l'organisation le « Travail Allemand » ou TA, réseau antinazi créé au sein du PCF en août 1941. Elle rejoint la résistance française. On lui procura des faux papiers et devint une ressortissante française d'origine alsacienne et travaillera dans les premiers temps à la Brasserie Georges (qui était réquisitionnée en temps que cantine pour la Wehrmacht). Au printemps 1943 elle se fait embaucher au sein de la Deutsche Feldpost (Poste militaire allemande) installée dans une aile de l'École de Santé militaire située avenue Berthelot (actuellement c'est le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation) sous une nouvelle identité: Renée Fabre (voir sa carte d'identité de l'époque).  


 Elle communiquera à la résistance toutes les informations dont elle aura connaissance, les mandats en provenance d'Allemagne, les lettres rangées selon les codes postaux des divisions de la Wehrmacht en mouvement en France qu'elle trie à longueur de journée. À la barbe de Klaus Barbie. La Gestapo s'installera en juillet 1943 en face de son service. 
  Elle ne reverra jamais ses parents et sa sœur restés à Essen puis déportés à Majdanek. À la fin de la guerre elle retournera en Allemagne et épousera Hans Schaul qui avait été interné au camp de Djelfa en Algérie. Dora Schaul est décédée en 1999, une rue de Brens (Tarn) porte son nom. N'oublions jamais les « petites » fourmis qui collèrent des démangeaisons aux barbares nazis, quelles soient noires, rouges, jaunes ou rousses. 
  À propos d'actes de résistance menés par des allemands il serait intéressant de se pencher sur le CALPO. Le CALPO ? C'est quoi ce truc ? Il est sure que certains d'entre nous ouvriraient des yeux comme des soucoupes s'ils apprenaient que leurs communes avaient été libérées grâce à des... soldats allemands ! On ne vous croirait pas. Et pourtant... 
  Certes ils étaient peu nombreux, entre 600 et 800 environ, mais à leur décharge c'était très, très risqué. Prendre des risques pour des étrangers vous considérant en tant qu'ennemi valait la peine de mort, rien de moins. 
   Le Comité Allemagne libre pour l’Ouest (CALPO) était un comité de la Résistance intérieure française. Il s'agissait du pendant en France du Nationalkomitee Freies Deutschland en Union soviétique. Il était chargé d'organiser le Travail Allemand (TA), organisation préexistante qui cherchait à saper le moral des troupes allemandes en France, à recruter des déserteurs de la Wehrmacht et à obtenir des informations pour les mouvements de résistance.
Pour certains historiens, il s'agissait de l'organisation prenant la suite du Travail Allemand, voire constituant une négation du Travail allemand; pour ceux-ci, là où le TA est une émanation des FTP-MOI, principalement pilotée par les Autrichiens et contribuant à la défaite militaire de l'Allemagne par la libération du territoire français, le CALPO est une émanation du KPD en exil, à visée nationaliste (préparer l'organisation politique de l'Allemagne une fois les Alliés victorieux).
Rôle du CALPO
  Le CALPO est créé en septembre 1943, peu après la création en juillet 1943 du Nationalkomitee Freies Deutschland « Comité Allemagne libre » en Union soviétique et la diffusion sur les ondes de Radio Moscou de son manifeste. Le CALPO était présidé par Otto Niebergall, du KPD; ses vice-présidents sont Karl Hoppe (SPD), Wilhelm Leo (SPD), Wilhelm Tesch (DVP), Heinrich W. Friedemann (Zentrumspartei), F. Kümmel (Zentrumspartei), P. Klein (Gewerkschafter), Arno Müller (DNVP), Hans Heisel (KPD). Le Comité siège à Paris, couvre de son réseau la France, la Belgique et le Luxembourg, et dispose d'équipes dans vingt-quatre villes; on considère qu'entre 600 et 800 soldats allemands rejoignirent le mouvement.
  Il est officiellement reconnu en avril 1944 comme mouvement de la Résistance française par le Comité français de Libération nationale à Alger; il est autorisé, après le Débarquement, à intervenir dans les camps de prisonniers, avec une tentative de mise sur pied d'un régiment d'antinazis allemands destinés à lutter contre les forces de l'Axe. Mais considéré comme trop proche de Moscou, le CALPO est écarté début 1945 et mis sous la surveillance du Deuxième Bureau. Le CALPO entre également en relation avec l'état-major d'Eisenhower, et met à sa disposition 35 personnes qui seront entraînées pour être parachutées en Allemagne afin d'organiser une guérilla dans les territoires encore sous contrôle des forces hitlériennes. Le projet n'ira toutefois pas à son terme, la fin de la guerre arrivera avant le parachutage.
  L'organisation prend progressivement la responsabilité de la rédaction des journaux préexistants du Travail allemand, Soldat im Westen « Soldat à l’Ouest », depuis l’été 1941 en zone occupée, et Soldat am Mittelmeer « Soldat sur les bords de la Méditerranée » pour la zone sud, à partir de novembre 1942. La rédaction de ces journaux était jusqu'alors plutôt de la responsabilité d'Autrichiens, Hans Zipper puis Franz Marek pour la zone nord, Oskar Grossmann, en collaboration avec le communiste allemand Ernst Mellis, pour la zone sud. Les titres sont remplacés respectivement par Volk und Vaterland en zone nord et Unser Vaterland en zone sud. Le CALPO a diffusé plus de 5 millions de tracts à destination des troupes d'occupation. Voici un exemple du Soldat am Mittelmeer


Et voici deux exemples de tracts distribués aux risques et périls des résistants. 


  Traduction du tract National-Komitee
 « Comité National. ALLEMAGNE LIBRE. L'Allemagne doit vivre, c'est pourquoi Hitler doit tomber ! Extrait du manifeste du Comité National. Allemagne Libre avec les forces armées et avec le peuple allemand. Le Comité National imprime les pensées et la volonté des millions d'Allemands au front et dans la patrie dont le destin tient au cœur. »  
  
Grace à ces tracts distribués sous le manteau dans les cantines, les casernes occupées par la Wehrmacht, des groupes de résistants obtinrent des pneus, du carburant, des médicaments voire des déserteurs et des armes. Par exemple, le revolver qui servit à abattre le 28 septembre 1943 le colonel SS Julius Ritter, superviseur du STO (Service du Travail Obligatoire) fut donné par Hans Heisel, marin de la Kriegsmarine basé au Ministère de la Marine à Paris.  
  Les témoins disparaissent peu à peu de la scène mais leurs souvenirs sont à jamais dans les coulisses. Le courage ne se clame pas à hauts cris. 
Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 
   

26/03/2017

Autopsie d'une œuvre: 

120 rue de la Gare.  

  Comme tout amateur ou amatrice de bonne, que dis-je, de très bonne bande dessinée dont je suppose que vous avez parcouru, les mirettes scrutant chaque détail, « 120 rue de la Gare » de Jacques Tardi. Merci m'sieur Malet pour le scénario ! Mais... à propos de détail il ne vous aura pas échappé (j'espère) qu'il y a eu pédalage dans la semoule, dans la cervelle de canut plutôt (respectons les spécialités locales) dans la mise en page et un manque de sérieux dans la documentation. 
  Quoi !!!... Qu'est-ce !!!... On ose émettre une critique !!.. Vous en répondrez sur une planche (de bd of course), choix de l'arme, la Sergent Major à 50 cm. Non mais... Oh la ! du calme les gaziers ! Je ne m'embarque jamais sans biscuits. La preuve. Première grossière erreur dans la page 64 - case 2 - . Celle ci: 

    
  « 120 rue de la Gare » se déroule en 1941 (le calendrier dans la case précédente le précise) mais là où il y a une erreur (et une très grosse) c'est qu'à cette époque il n'y avait pas de trolleybus sur la ligne 4 - Perrache / Parc Tête d'Or - mais des tramways qui ont été supprimés sur cette ligne en 1956. De plus le modèle de véhicule représenté: le CS60 modèle Francheville; ne circulera que sur les lignes 29 et 30 - Pont Tilsitt / Sainte-Foy et Pont Tilsitt / Francheville le Haut. Bon, ça c'est réglé. Erreur suivante ! Lorsque Nestor Burma est invité par les flics sur le lieu de repêchage d'un macchabée à La Mulatière (au sud de Lyon), la Traction des roussins a dû traverser la Saône en ayant le Rhône côté gauche et un pont ferroviaire à droite. Or sur la page 99 - case 5 - deuxième grosse erreur: 
Pour les Lyonnais (j'espère qu'ils l'ont remarqué) cela saute aux yeux, pour les autres voici l'explication. À cet instant la voiture (à droite de la case) est censée revenir de La Mulatière or lorsque l'on se dirige vers Lyon (vers le nord), le pont ferroviaire métallique se trouve à gauche. La situation dans la case serait bonne si... la voiture était tournée dans l'autre sens ! CQFD.  

  C'était le détail qui tue ! 
  Un autre détail (de moindre importance mais si l'on suit le fil de l'histoire cela devient illogique) 
Résumons. Le cadavre flottant est à La Mulatière mais alors pourquoi avoir dessiné le pont Pasteur (l'ancien dans ce cas) alors que celui ci franchit le Rhône dans Lyon. À La Mulatière il n'y a jamais eu de pont franchissant le Rhône ! Or c'est à cet endroit que Bernier et son collègue le flic muet emmène Burma. Grossière erreur de localisation ! Encore une de plus. Pour preuve, jetez un œil sur le plan ci dessous. 
- Ligne orange: limite de la connule de La Mulatière. 
- Cercle rouge: lieu du repéchage du cadavre (au pont Pasteur, à Lyon donc !). 
- Carré rouge: case 5 - page 99 (le pont métallique est signalé par le mot viaduc). 


Au fait, voici une autre preuve de ce qui passerai pour du je-m'en-foutisme de la part d'un débutant. L'endroit où est repêché le corps, le fameux pont Pasteur. 

Le pont tel qu'il était à l'époque. Il fut détruit par les allemands le 2/07/1944 et reconstruit en 1952. Remarquez les deux grandes colonnes jumelées que l'on retrouve dans la case ci dessous. 

C'est chercher la p'tite bête, traire une puce avec un gant de boxe. C'est ce vous devez penser. Mais prendre les lecteurs (trices) et les amateurs (trices) de son style pour des buses ça ne passe pas. Toute bonne bande dessinée a ses lacunes mais là c'est vraiment flagrant. Une bande dessinée c'est comme dans un film, les erreurs d'accessoires ne pardonne pas ! 
Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture !