Bectance cérébrale: Seul dans Berlin

 (Trop) Seul dans Berlin

  Apres avoir lu - il y a quelques années - Seul dans Berlin, je suis allé me faire une toile et comparer les deux versions. Je n'ai pas été déçu, bien que (comme souvent) la version filmée soit différente, plus axée sur le couple Hampel (Quangel dans le roman et le film). Si vous ne l'avez pas lu ou vu, vous passerez à côté d'un pan de la trop longtemps méconnue et (peut être) ignorée résistance allemande antinazi. 


 " Mai 1940, on fête à Berlin, la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble de la rue Jablonski. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. Mme Rosenthal, juive, dénoncée et pillée par ses voisins. Baldur Persicke, jeune recrue SS terrorisant sa famille. Les Quangel, désespérés d'avoir perdu leurs fils au front.


Le roman (Gallimard / Folio: 2004) 



Le film (2016)

  En découvrant le destin d’Otto et Anna Quangel, on pense à cette phrase de Kafka " Ecrire, c’est sortir du magma, faire un bond hors du rang des meurtriers. " Cette phrase prend un relief des plus singuliers, au fur et à mesure de l’histoire de ce couple berlinois immortalisé par Hans Fallada (Jeder stirbt für sich allein), (Seul dans Berlin, Folio) et dans le film de Vincent Pérez , dont on suit presque pas à pas le courageux acte de résistance menée de 1940 à 1942 par les Hampel - leur véritable patronyme - et leur traque par le SichereitDienst (SD), le sinistre Service de Sécurité de la SS. Car n’y avait-il pas quelque folie à vouloir s’élever seuls contre Hitler… à coups de cartes postales ? 


Seul dans Berlin
" Presse libre ! Hommes et femmes allemandes croyons en nous mêmes ! 


Non au scélérat Hitler ! 

Soldats tirez, Hitler Himmler Göring Goebbels à bas la bande ! "

L'étau se resserre...

  Pourtant, c’est bien à l’aide de ces missives déposées dans les boîtes aux lettres des immeubles ou sur les rebords de fenêtres que ce couple d’ouvriers tente d’ébranler la conscience de leurs compatriotes. " Que sommes-nous devenus ? Un troupeau de moutons. (…) Nous devrions nous libérer de nos chaînes, sinon il sera trop tard ", prévient Otto Hampel dans l’une de ces premières cartes, " Freie press " - Presse libre - . Or, loin d’entraîner un sursaut, ses messages dénonçant un régime qui avait " dépouillé l’existence de son sens " ne sont, au mieux, pas lus ou pire, rapportés à la Kripo (KriminalPolizei - Police Criminelle). La première carte est trouvée le 2 septembre 1940. Après elle, 231 autres viendront rejoindre le dossier ouvert par un commissaire chargé de l’enquête. Après vingt mois de recherches, en mai 1942, alors que la population est soumise à de sévères restrictions, devant la menace représentée par ces missives, le SD s’empare de l’affaire. Très vite, l’étau se resserre autour du couple lorsqu’une carte est retrouvée dans l’usine Siemens où Otto est employé; puis une autre non loin de leur domicile. Finalement dénoncés par une voisine, les Hampel sont arrêtés le 20 octobre. Jugés pour haute trahison, ils sont guillotinés le 8 avril 1943. L’image " romantique " du couple Elise et Otto Hampel donnée par Hans Fallada, n’omet ni leurs dissensions, qui éclatent peu avant l’exécution, ni leur silence sur le sort réservé aux juifs. Ce qui n’ôte rien du courage exemplaire de ce couple, terriblement humain. Et la force d’un film qui, entre histoire intime et collective, dévoile les bassesses de la nature humaine soumise à la peur, à la haine, à la lâcheté et l'indifférence. A l'époque des pétitions sur le net et des commentaires indignés ou outranciers déversés à longueur de journée, cette entreprise parait dérisoire mais n'oublions pas que le prix à payer sous le régime nazi était cher, très cher. 


Panneau commémoratif Berlin
Ici se trouvait la maison où OTTO HAMPEL 21. 6. 1897 - 8. 4. 1943
et ELISE HAMPEL 27. 10. 1903 - 8. 4. 1943 vécurent de 1934 jusqu'à 
leur arrestation. Ce couple de travailleurs a été exécuté le 8 Avril 1943 à 
Berlin-Plötzensee. Leur mutinerie contre l'inhumanité du régime nazi fut 
le prototype pour le roman de Hans Fallada: Jeder stirbt für sich allein






Pour celles et ceux souhaitant se nourrir sainement l'esprit, cette très bonne bectance culturelle est a déguster sans modération. 
Le Séminariste / Signé Furaniax !  

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