02/11/2020

 Première rencontre avec Nelson Valbo 



" Mercredi 26/12/1997 

 

Saint-Étienne, 
  L'unique lampadaire du passage éclairait la façade d'un ancien atelier transformé en loft, où l'on discernait à l'intérieur une source lumineuse zébrée par des stores. Journaliste à Signé Furaniax !  j'y avais recréé l'univers mythique, à mes yeux du moins, d'un " privé " de cinéma, version noir et blanc, en v.o de préférence. Pour entrer dans la peau du personnage, j'avais calligraphié, en partie, ma raison sociale sur le verre dépoli de la porte: Nelson Valbo, report... Depuis la désertion affective de mon ex, j'étais le seul à apprécier ce clin d’œil égocentrique. Sur un bureau ministre voisinait une lampe modèle administration, millésimé cinquante, un PowerMac, un lecteur de disquette d'occasion, et un superbe téléphone noir à pied vertical, dont je ne me lassais jamais d'entendre le clonc !, de la fourche, métallique et sourd, lorsque je raccrochais; m'envoyant au choix, chez Ed Mc Bain ou Marlowe. Tournant le dos aux insolentes plastiques de Françoise Arnoult et de Kim Novak , encadrées au dessus de mon bureau. J'enclenchais une disquette. L'appareil émit un léger claquement, je m'apprêtais à stocker mes articles et mes projets de polars avortés ou inachevés. 
Pendant ce temps, Bashung faisait du camping jazzy dans une micro-chaîne. 
Je cliquais sur l'icône de la disquette, et là, surprise... 
 - Et merde ! Il m'a refilé des disquettes usagées. 
   La fenêtre était constellée d'icônes présentées en vrac. Plusieurs d'entre elles faisaient partie d'une série nommée Fiat Lux !, numérotée de 1 à 27. Le clin d’œil à Burma me fit sourire, je cliquais sur la première. La veille, j'avais acheté le lecteur de disquette à un vieux monsieur, qui m'avait offert en prime, une boîte de disquettes sensées être vierges. Jehan De Riotord m'avait expliqué que dorénavant une personne transcrivait ses mémoires. 
Je m'étais montré intéressé, mais M. De Riotord avait refusé de m'en dire plus. Il avait marqué un temps de réflexion en entendant mon patronyme, avant de changer rapidement de sujet. Par tact, je n'avais pas insisté. Un message s'afficha, l'application dont Fiat Lux ! était issue, était introuvable. Je cliquais sur mémo. Je ne possédais pas la police utilisée, la mise en page en fut modifiée, de seize pages initiales, elle passait à quatorze, incomplètes. 
   Le titre s'affichait en caractère gras: L'anguille, suivit de provisoire entre parenthèses. Les sept premières pages relataient une partie de sa jeunesse passées dans les colonies - terres généreuses et rémunératrices pour de nombreux fonctionnaires - et à Lyon. Dans cette ville, à la réputation guindée et secrète, un détail expliquait la fuite de Jehan De Riotord. Il mettait en scène le Livre Blanc de Cocteau, en séances particulières. De Riotord s'enfuit à Alger, où vivant de petits boulots et magouilles diverses, il rencontra un certain Henry Hyde. Cela se passait en 43. 
La suite devint de plus en plus intéressante, éclairant sous un jour nouveau sa personnalité. Ce M. Hyde était un agent secret américain, coordonnateur de nombreux agents de l'OSS en France; il recruta De Riotord après enquête et l'envoya à Londres, en formation. Le vieux monsieur si charmant était donc un ancêtre de James Bond aux mœurs dissolues, aux yeux des âmes bien pensantes. 
    Au bas du bloc-lettre, un carré signalait que le texte continuait. Parmi les sillons du cd, Bashung découvrait un yéti dans un Monoprix. Déçu, autant que dicté par ma curiosité professionnelle j'imprimais le texte, puis refermais les fenêtres et éjectais la disquette, il était 15h45. Les autres disquettes n'étaient pas initialisées. Je décrochais le bigophone, De Riotord, d'une voix douce, me souhaita la bienvenue sur son répondeur. Je laissais un bref message, la disquette passerait la nuit dans un tiroir, j'enfilais mon trench-coat, complétais l'exercice de style par un galurin et filais au Méliès. Une projection en version originale avec Richard - Push Mom in the staircase - Widmark était un cas d'urgence. " 
 
A bientôt pour un autre extrait de REMORA !     

 

05/02/2019

Hello !... 

Après une longue absence dû à un problème technique et à de longues cogitations, d'écriture de scénarios, de dialogues pour de futures bd (croisons les doigts), je reviens sur Signé Furaniax !. Dans les prochains jours je publierai des extraits de textes et quelques crayonnés. Soyez patient, Rome ne c'est pas fait en un jour. A bientôt !   

18/05/2017

Zoom sur une anecdote:  

Cunningham 


« Il se prénommait Richard. Vu son allure vestimentaire, je le surnommais illico: Cunningham. Ritchie me paru trop simple. Après la période baba, Signé Furaniax ! remontait l'échelle du temps et inaugurai les sixties. »  

Premier de classe amidonné

  Surnom donné au stagiaire de Signé Furaniax ! par Nelson Valbo; inspiré par Richie Cunningham, l'étudiant un peu coincé de la série TV culte des années 70, Happy days. Teint frais, la raie sur le côté, propre sur lui, une tronche à siroter des milk-shakes et à bouffer des pancakes toute la journée dans un diner. Le fils de bonne famille parfait, le premier de classe amidonné. Il était joué par Ron Howard qui a fait du chemin depuis, derrière les caméras. 

 Milk shake, pancakes et collège. 
Aucun défaut ? Peut être... 

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 

05/05/2017

Zoom sur une anecdote: 

Ici Paris et... Marie Alcaraz 


« Sur la couverture du premier, il y avait le portrait d'une fille, brune, aux lèvres rubis. Au dessus de laquelle s'étalait le nom du groupe: Ici Paris. Le titre s'intitulait: La fusée de ton retour. » 
« Cette nana avait une voix d'enfer, genre acidulée. Rock, très eighties. » 
En collectionneur averti Docteur Zicmu est une référence, aussi lorsqu'il déniche un trésor c'est un peu comme si Long John Silver mettait la main sur celui de Ben Gunn. Ses yeux brillent ! Son pouls s'accélère ! C'est avec plaisir qu'il fait découvrir sa ou ses trouvailles à Nelson Valbo et au reste de l'équipe. Parfois se glisse des musicos ou chanteurs voire des chanteuses méconnues ou disparues comme la première chanteuse d'Ici Paris : Marie Alcaraz aka Marie Al Kha Raz

  Ici Paris c'est plus qu’un canard à scandale, c’est aussi le nom d’un groupe de rock. Fondé au début des années 80 le groupe avait tout pour lui: des morceaux splendides, des musicos pas manchots connaissant leurs gammes et une chanteuse charismatique ! Mais comme trop souvent dans c'pays, le groupe emmené par Shere Khan (Hervé S.F.pour l'administration), n'empruntera pas le chemin de la gloire. Du moins, pas tout de suite.  

Génèse

  Au début étaient les Curlies (les Frisés in England), groupe de lycéens fans des Stones puis ce fut Gare du Stade en hommage à une gare de chemin de fer située à Colombes, dans la banlieue ouest de Paname. C’était devenu un groupe punk, sans chiens mais avec, probablement, de la binouze mais comme tout les groupes grattouillants dans leurs coins le combo fut influencé par le glam rock. T Rex, Gary Glitter, Adam and the Ants, Slade, les paillettes, les boas en plumes, le style Zizi Jeanmaire sur platforms boots, ça envoyait pas mal quand même. Ici Paris fera partie de la deuxième vague de la scène glam rock parisienne, fin 77. La première vague avec Métal Urbain ou Asphalt Jungle tournait depuis 1976. Ils jouèrent souvent avec Oberkampf ou La Souris Déglinguée. C'est après un dernier concert au Gibus, en 1979, qu'Ici Paris prit son envol. C'est d'ailleurs dans cette salle mythique que Shere Khan rencontra Marie Alcaraz en 1978. Il y avait aussi un ex des Curlies, un « gratteux » qui ramènera le bassiste. Après une annonce dans un canard le groupe dénicha un batteur et en avant la musique ! 

Jolie brunette

  Ici Paris rêve de train fantôme, de créature du Lac Noir, de Godzilla en plastoc et de Cadillac infernale. L'univers kitsch d’un ado mélangé aux accords de base du rock’n’roll, pour qui a la curiosité d’écouter leurs morceaux, c'est la mandale assurée, façon Tontons Flingueurs. De quoi remettre les clés de sol à l'endroit ! Emmenée par une jolie brunette à la voix perçante, la fameuse Marie Al Kha Raz (c'est classos, mec !) et un guitariste à l’incroyable tignasse, la formation suscite la curiosité. Les connaisseurs pensent même avoir enfin découvert LA perle rare qui manquait au paysage musical. 

La binette de Marie Alcaraz aka Marie Al Kha Raz dans les années 80

Souris faussement candide

  Le label Gaumont les remarquera et les signe sans barguigner. Ce que ne fera jamais De Mesmaeker mais bon c'est une autre histoire ! Leurs premiers morceaux « Le Centre du monde » et « Souris » passeront complètement inaperçu aux yeux du grand public et pour cause; le groupe se trouve mauvais et refuse le disque. Ça commence bien !  Mais cela leur permettra quand même de décrocher la première partie de la tournée hexagonale des Ramones. Ça mange pas d'pain. Quelques semaines avant la sortie de leur album, en janvier 1982, l’émission de télé « Les Enfants du rock » diffuse deux titres d’Ici Paris filmés au Rose Bonbon, à Pigalle: « Stupide petit garçon » et « La Fusée de ton retour ». L’album est dans les bacs en juillet 1982. Mélange de twist et de rock glitter, « Allo Le Monde… Ici Paris » parvient à renouveler le genre. Comment en effet ne pas succomber à la voix de petite souris faussement candide de la chanteuse de Marie Al Kha Raz. Douce comme le miel au début mais... qui soudain pouvait atteindre des stridences aiguës qui débouchaient les cages à miel.

Ici Paris en 1982.
(Marie avec sabre et gants blancs) 

Détartrez-vous les portugaises avec ces vidéos très eighties. Pour certaines vous ne vous contenterez que d'une image fixe (ne vous bilez pas, y'a l'son) pour d'autres... miracle ça bouge ! Quant à la qualité c'est de la Haute Def année 80 filmé par Gégé et sa caméra super 8. Pas top en somme mais vous pouvez coller vos mirettes dessus cela ne vous rendra pas aveugle. 

Le Centre du Monde (1980).
(Ils le trouvèrent mauvais !) 


Pour Didier Wampas c'était l'un des meilleurs disque de rock français de tous les temps. Euh ! Faut pas pousser le son si fort y'a du larsen ou alors il avait les cages à miel embourbées.   

Stupide petit garçon et La fusée de ton retour 
(Attention c'est... disons baveux)



« La fusée de ton retour » (1981)


« Les vents balayent le désert
Les tempêtes me rappellent le parfum de ton sourire
Au loin la petite planète Terre
Brille de mille feux, belle comme un souvenir

Mais rien ne vient, que le bruit du vent
Et mes larmes sèchent au soleil brûlant
J'attendrai, j'attendrai
La fusée de ton retour
J'attendrai
Oh oui, toujours

J'ai scruté le système solaire
Et cherché une île aussi
Au plafond de l'univers
Si [ j'avais le / charmant ] firmament de tes yeux
Les cités sont sans vie
Ou nous étions heureux
Je cherche dans le vent
Tes lèvres sucrées
Le souffle brûlant
De ta fusée

J'attendrai, j'attendrai
La fusée de ton retour
J'attendrai
Oh oui, toujours

Et filent, filent, les étoiles
Les vents du cosmos gonfleront tes voiles
Le ciel reste vide
La comète qui te guide
T'éloigne loin de moi
Et l'espace est si froid

J'attendrai, j'attendrai
La fusée de ton retour
J'attendrai
Oh oui, toujours
Oh mon amour
Oh oui, toujours
Oh mon amour
Oh oui, toujours
Toi, mon amour
Oh oui, toujours
Oh mon amour
Toujours
 Toujours 
       Toujours »   

Cadeau bonus (pas Bonux !) deux autres clips d'Ici Paris. C'est comme les bonbons, c'est acidulé. 

Allo le monde
(Image fixe mais... dans l'intro, Mister Kirk Douglas dit quelques phrases !!) 


Bagdad
(Ici des photos défilent) 



Léopard en peluche
  La province découvrira Ici Paris sur scène, Bordeaux, Lyon et puis retour à Pantruche au Bataclan. Et oui ! Même si les ventes du 45 tours sont quasi-nulles, tous les spectateurs sont sous le charme de Marie accrochée à son léopard en peluche. C'est décidé, il y a aura un album. Hélas, les concerts se font rares et les médias traditionnels sont trop décontenancés par l'univers d'Ici Paris. L’heure est plutôt à la variétoche du samedi soir, il n’y a pas de place pour la gaudriole et le second degré. Dommage. Le groupe s’évanouit dans la nature, alors que son fantôme revient régulièrement faire un tour sur les platines des amateurs. 

Trouillomètre à zéro

  Mais voilà, Marie ne voulait plus faire de concerts dans les clubs, défouloirs pour bourrins pleins de binouze ! Résultat elle avait le trouillomètre à zéro ! Dès qu’elle était sur scène, ça allait, mais avant c’était vraiment dur: la plomberie se faisait des nœuds ! Après Ici Paris ce fut Hou la la, son nouveau groupe sort un disque et là... elle se barre ! Marie laissera des souvenirs comme cette vidéo promo de 1989. (c'est autre chose que le super 8 de Gégé).

Alors je t'oublie 


Mais... aucun crime n'est parfait, il reste des traces de quelques méfaits télévisuels comme celui ci. Remarquez certains spectateurs tout droit sortie de la Foire agricole de Baignons le Vaseux et la gratte sans fil (ça sent le play back !). Mais bon, faut bien se faire connaitre. 

Lieu du crime: Télé Caroline en 89. 
   
Depuis elle a disparu de la circulation, c'est bien dommage sa voix acidulée de mouflette... pas si innocente est inoubliable. Comme les Mistral Gagnant. De 1995 à 2001, nos chemins se sont croisés.  
Apparition lors d'un concert, en tant que spectatrice (faut pas rêver !). 
Année 201?... 
Le Docteur Zicmu aurait aimé avoir un autographe !

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 


04/05/2017

Zoom sur une anecdote: 

L'innommable 


« Cette même gêne qui m'empêchait de lui dévoiler ce que je pressentais. », « Entendre l'innommable sans y être préparé supposait une sacré dose d'humilité ou d'humanisme. Ne l'a connaissant pas, je m'abstins de lui donner des détails précis. » 
 Même s'il n'a pas vécu cette très sombre période de l'Histoire de l'Europe, dévoiler ce dont il se doute à Mme Huart, risque t-il de changer son attitude face à l'un des pensionnaires de la maison de retraite ? Nelson Valbo préférera jeter un voile pudique sur l'origine de la cargaison. Si la curiosité intellectuelle l'emporte, vous pouvez vous faire une idée plus précise de l'univers où été prélevé la cargaison en lisant le témoignage d'un homme et le roman inspiré de la biographie du commandant du plus important camp de concentration et d'extermination nazi. 


Eugen Kogon 



Eugen Kogon en 1945 


Un des fondateurs de la RFA

  Né le 2 février 1903 à Munich et mort le 24 juillet 1987 à Königstein im Taunus, est un journaliste et sociologue allemand. Opposant au Parti national-socialiste il a été arrêté en 1939, et détenu pendant six ans au camp de Buchenwald où il était le secrétaire particulier du médecin chef Erwin Ding-Schuler.
Après des études d'économie et de sociologie à Munich, il rédige une thèse portant sur « L'État corporatif et le fascisme » qu'il soutient à en 1927 à Vienne, où il travaille comme journaliste au Schönere Zukunft jusqu'en 1932. Influencé par Othmar Spann, opposé au socialisme et défenseur d'un État chrétien corporatif, il appartient au cercle de Vienne (Wiener Kreis). Il est déporté au camp de concentration de Buchenwald de septembre 1939 jusqu'à la libération du camp par les Américains en 1945, soit pendant sept années.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, aux côtés de Walter Dirks, Eugen Kogon travaille à mettre en lumière les origines du national-socialisme et à renouveler la pensée politique allemande, notamment dans les Cahiers de Francfort (Frankfurter Hefte); il se lie avec les milieux fédéralistes et européistes.
L'État SS (éd. Seuil, 1970 ; Seuil poche, 1993) (Der SS-Staat, Das System der deutschen Konzentrationslager, 1946; première éd. et trad. française en 1947 sous le titre: L'Enfer organisé - Le système des camps de concentration, éd. La Jeune Parque) avec Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d'État (éd. Minuit, 1984; éd. Seuil poche, 1987)(Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas - Eine Dokumentation, Frankfurt, Fischer, 1983). Il est considéré comme un des intellectuels fondateurs de la RFA (République fédérale d'Allemagne). 

« Moulin à os »

  Le livre comporte 21 chapitres portant essentiellement sur Buchenwald, avec des échappées sur Dachau et quelques autres camps.Le chapitre 2 est intéressant, car il évoque une question sur laquelle les enseignants s’interrogent souvent: y avait-il une classification des camps, des catégories de camps, plus ou moins dures ? 
Selon Kogon, il y a bien 3 degrés de camps, d’après une directive de l’office central de gestion économique des SS. 
1er degré: le camp de travail.
2e  degré: le camp de travail où les conditions de vie et de labeur sont plus difficiles. 
3e  degré: le « moulin à os » (expression utilisée par Eugen Kogon), d’où il est rare de sortir vivant. 
Kogon précise que cette classification n’est pas rigoureuse. Dachau était de 1er degré, alors que les conditions de détention ont toujours été plus pénibles qu’à Buchenwald, de degré 2. Selon lui, une des différences tiendrait dans le ravitaillement, forcément plus mauvais dans les catégories plus basses.


Sauvetage de Stéphane Hessel 

  Eugen Kogon ne traite pas spécifiquement de la Résistance dans le camp, mais dans le chapitre 15, « Tragédies collectives et opérations spéciales », il montre comment fin 1944 il a été possible de sauver 3 agents secrets alliés, par substitution d’identité avec des détenus morts... dont bénéficie Stéphane Hessel, qui devient Michel Boitel. Sur le sort des juifs, abordé à plusieurs reprises, l’auteur donne la parole à plusieurs rescapés, qui racontent les massacres commis dans les forêts proches de Riga, les camions à gaz ou la révolte du ghetto de Varsovie. 

Exemples de couvertures françaises de L'État SS 



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Robert Merle 



Robert Merle en 1964 

Marqué par la guerre

  Écrivain français, né à Tébessa (en Algérie) le 29 août 1908 et décédé le 27 mars 2004.Titulaire d'une licence de philosophie, agrégé d'anglais, Robert Merle consacre sa thèse de doctorat de lettres à Oscar Wilde et devient professeur au lycée de Bordeaux, Marseille, puis à Neuilly-sur-Seine où il fait la connaissance de Jean-Paul Sartre, à l'époque professeur de philosophie. Mobilisé en 1939, Robert Merle est agent de liaison avec les forces britanniques. Il est fait prisonnier à Dunkerque. Il témoigne de son expérience dans la poche de Dunkerque dans un documentaire d'Henri de Turenne et reste en captivité jusqu'en 1943. Il a été marqué par la guerre et par sa captivité de 1940 à 1943. Ceci explique que beaucoup de ses romans traitent de la hantise du lieu clos et de la guerre. Par ailleurs, nombre de personnages de ses romans sont inspirés par ses proches et sa vie personnelle.
1949: Week-end à Zuydcoote (prix Goncourt): près de Dunkerque assiégé par les Allemands en mai-juin 1940 un soldat français tente d'embarquer avec les troupes anglaises pour rejoindre l'Angleterre (adapté au cinéma par Henri Verneuil en 1964 avec Jean Paul Belmondo, Pierre Mondy).
1952: La mort est mon métier: roman historique inspiré de la biographie de Rudolf Höß (renommé Rudolf Lang dans le livre), commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau pendant la Seconde Guerre mondiale. Une adaptation cinématographique sera tournée en 1977 par Theodor Kotulla (Aus einem deutschen Leben). 

Fonctionnaire zélé 

  À la fin de la Première Guerre Mondiale, il se retrouve au chômage, rejeté par sa famille. Il s'apprête à se suicider lorsqu'un de ses collègues arrive et lui brandit un tract en lui disant de ne pas trahir l'Allemagne en se donnant la mort.
Il adhère au parti nazi et se voit confier la direction d'une ferme avec sa femme Elsie, où il vit des journées de dur labeur, mais paisibles. Puis, après la prise du pouvoir par Hitler, il entre dans les SS, n'ayant pourtant pas les critères requis pour y adhérer. Il accède à des fonctions de plus en plus importantes dans la hiérarchie SS, jusqu'à devenir commandant du camp d'Auschwitz. Ce camp, d'abord de concentration, puis d'extermination, devient le lieu de la lente et tâtonnante mise au point de l'Usine de Mort du village d'Auschwitz. Il y reçoit l'ordre du Reichsführer Himmler de supprimer 500 000 unités par an au lieu des ridicules 80 000 unités de Treblinka. Lang va s'attacher à accomplir la mission qui lui a été assignée: tuer le plus grand nombre de Juifs et éliminer le plus efficacement possible les cadavres. Après la guerre et la chute d'Hitler, il est emprisonné, puis condamné à la pendaison après son procès où il affirmera avoir seulement suivi les ordres en bon fonctionnaire zélé, indiquant d'un air naturel qu'il a supervisé et participé activement au meurtre de « seulement » 2,5 millions de personnes au lieu des 3,5 millions prévus. 

Qu'est-ce que la morale ?

  Tout au long du livre, il se montre incapable de sentiments et même d'action personnelle, car sa conduite lui a toujours été dictée par un chef en qui il portait une confiance totale. À la fin, on le sent cependant en colère se disant trahi par Himmler, qui, tel un lâche, s'est suicidé, et n'a ainsi pas voulu assumer son rôle dans l'extermination des Juifs, laissant Rudolf seul responsable de ses actes. Jusqu'au bout, il assume cependant son idée du chef, en répétant froidement et méthodiquement qu'il est le seul responsable de ce qui s'est passé à Auschwitz, et en énonçant sans difficulté les atrocités commises. Son seul moment de doute survient lorsque sa femme apprend ses activités, mais, ayant été choisi pour ses rares qualités de conscience il n'accorde pas d'importance à la morale. 

Exemples de couvertures françaises de La mort est mon métier 



Exemples de couvertures allemandes de La mort est mon métier 




C'est en ayant lu ces livres que Nelson Valbo éprouve de la gêne. En conclusion, lisez L'État SS et La mort est mon métier. Ce n'est pas remboursé par la Sécu mais c'est accessible et recommandé à toutes personnes saines d'esprit. 

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture !    



02/05/2017

Zoom sur une anecdote: 

Bonnies de Mériden 


« ...passer d'un obscur groupe garage à la lad culture en passant par les mythiques « Bonnies » de Mériden, m'enchantait. » 
  Quelles sont ces Bonnies qui enchante Nelson Valbo page 300 ? D'abord, qu'est-ce que c'est que ci que ça que c'est Mériden ? Pour ceusses qui sont fâchés avec la géographie (et ils sont nombreux, trop nombreux), Mériden est une petite ville située en Angleterre, dans les West Midlands, entre Birmingham et Coventry. Ça va, vous situé le patelin ? Bon et bien c'était là qu'était dessinée et fabriquée depuis 1941 et jusqu'en 1983 les fameuses motos Triumph. Et les « Bonnies » en sont la glorieuse famille qui s'est agrandie depuis... mais à Hinckley, dans le Leicestershire. Cette petite ville est située entre Coventry et Leicester. Si ça vous dit rien, allez mater sur Google Earth ! 

Affiche des années 50 

La Grande Evasion

  Meriden a abrité la grande usine de production de motos de Triumph, dont l'usine d'origine de Priory street située à Coventry avait été détruite par un bombardement de la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre Mondiale. L'usine avait été visitée par Steve McQueen lors de la préparation de la « Bonnie » qu'il utilise dans La Grande Evasion. 

Le mythique saut par dessus les barbelés dans La Grande Evasion 

Le mythique Steve McQueen sur une « Bonnie »  T 120 Scrambler 

Meilleure moto 

  La Triumph Bonneville T 120 y était fabriquée de 1959 à 1975. C'était le premier modèle de la série Bonneville, qui a contribué au succès de la marque Triumph Motorcycles Ltd. La production des T 120 a cessée en faveur de la T 140. La T 120 a été conçue et développée si rapidement qu'elle n'a pas été incluse dans le catalogue Triumph 1959. La T 120 était fabriquée sur la base de la Tiger T 110. Lancée en 1959 par Triumph comme étant « la Meilleure Moto dans le Monde », la « Bonnie » T 120 était destinée principalement au marché américain, plus lucratif. Mais quelques motards du pays des fromages qui puent ont eu le bon goût de la chevaucher. Et cela dure toujours.   

« Bonnie » T 120 (1959) 

« Bonnie » T 120 (1969) 

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 

01/05/2017

Zoom sur une anecdote: 

Heinrich Himmler 


« Le capitaine Max Behring l'a lui serra sans un mot, et se rendit compte de la mollesse de son chef. ».  « Behring le trouva mal à l'aise, gêné, presque intimidé. Un comble. Le chef suprême du Corps Noir intimidé par un simple officier ! », « le Reichführer jetait des regards de tous les cotés, ce qui avait le don d'agacer Behring, qui se garda bien de le laisser paraître. » 
  Ce passage, à la page 282, décrit l'impression qu'a le capitaine Max Behring en rencontrant Heinrich Himmler . Il n'est pas question d'écrire le panégyrique d'un nazi mais de découvrir l'envers du décor. C'est assez surprenant. Comment Heinrich Himmler qui au quotidien n'était qu'un type falot, un tantinet faux derche a été le chef suprême d'un corps d'armée inspirant la crainte à travers l'Europe ? Ce sinistre personnage au visage rond était un individu sans envergure dans sa vie privée. Le genre de type s'aplatissant devant sa femme et faisant preuve de rigidité, de cruauté envers ses subordonnés et les déportés. Quoique parfois sa faiblesse transparaissait lors d'entretiens particulier avec des officiers SS comme la remise de décorations ou de cérémonies.  

Pas un chef

  Au milieu des paranoïaques, zigomars, hystériques et sadiques qui peuplaient les hautes sphères de l’Etat nazi, Heinrich Himmler était un pauvre type souffreteux, une mauviette, faible de corps et d’esprit. Est-ce ça un homme prônant la supériorité de la prétendue race aryenne ? Heinrich Himmler était doté d’une personnalité très difficile à saisir. Ceux qui l’ont connu de son vivant avaient peine, après l’avoir vu, à le décrire. Il y a autant de portraits de Himmler qu’il y a de témoignages: « Une application d’écolier borné, mais aussi quelque chose de méthodique comme peut l’être un automate » (Karl J. Burckhardt); « Un bon maître d’école, certainement pas un chef » (général Walther Dornberger, le père des V1), « Froid, calculateur, avide de pouvoir, mauvais génie de Hitler, l’individu le plus dénué de scrupules du IIIe Reich » (général Friedrich Hossbach); « Jamais je n’ai pu accrocher son regard toujours fuyant et clignant derrière son pince-nez » (Alfred Rosenberg); « Cet homme n’avait rien de diabolique. Courtois, non dépourvu d’humour, il aimait à jeter de temps à autre un mot d’esprit pour détendre l’atmosphère » (comte Bernadotte). 

Monstre ordinaire

  D'après son journal intime, Himmler fait la connaissance, en 1920 ou 1921, de la fille du propriétaire de la ferme-école où il est stagiaire. De nature timide, il ne lui fit jamais part de ses sentiments. Par la suite, les relations avec les femmes semblent inexistantes. Toujours selon son journal, il est fort probable qu'il n'ait eu sa première expérience sexuelle que lors de son mariage à l'âge de vingt-huit ans. En 1926, il rencontre une infirmière divorcée, Margarete Siegroth, née Boden, de sept ans son aînée et protestante. « Marga », grande blonde aux yeux bleus, correspond à l'idéal de la femme aryenne. Ils se marient le 3 juillet 1928; de cette union naît une fille, Gudrun, le 8 août 1929. En 1928, il investira la dot de sa femme dans un élevage de poules à Waldtrudering, dans les faubourgs de Munich. Jusqu'à la fin des années 1920, Himmler continue de s'occuper de sa petite propriété rurale avec son épouse.
Il aime sa fille Gudrun qu'il surnommait Püppi « Poupette »; il n'aura pas la même affection pour le fils adoptif de Marga. Durant ses premières années de vie politique, il semble essayer de remplir son rôle de père et de mari le mieux possible. Les pages de son agenda démontrent qu'il a des conversations téléphoniques quasi quotidiennes avec sa femme et sa fille. Après la faillite de son élevage de poulets en 1929, Himmler prendra de plus en plus de responsabilités au sein du parti nazi et délaissera progressivement son épouse: ils se séparent finalement en 1940 sans divorcer. Le Reichsführer qui entretient depuis 1939 une relation avec une de ses secrétaires, Hedwig Potthast, qui le surnommait « König Heinrich » (le roi Heinrich), aura deux enfants illégitimes avec elle: un fils, Helge, né le 15 février 1942, et une fille, Nanette Dorothea, née le 20 juillet 1944, incidemment le jour de l'attentat contre Hitler. La même année, en 1944, ils finissent également par se séparer.
Jusqu'en 1945, Himmler n'a cessé d'entretenir avec celle qui est restée son épouse légitime, Marga, une correspondance affectueuse, où il ne s'est jamais exprimé sur ses crimes, en particulier l'extermination de masse. 

Niaiseries

  Himmler était un petit bourgeois falot qui compensait ses absences en écrivant qu'il baisait les « bonnes mains », la « chère bouche » de sa « pure et chère haute dame ». Cette correspondance sirupeuse est tellement dépourvue d'intimité qu'elle paraît fausse même si, dans un premier temps, Himmler mettait du piment dans son couple en se proclamant « lansquenet », « homme très méchant » ou en se laissant traiter par sa femme de « garnement », de « fripouille », de « tête de mule », qualificatifs que du reste il lui retourne. En laissant son esprit vagabonder on l'imaginerait presque en train de couiner sous les coups de fouet de sa « pure et chère haute dame » dans une séance SM. 
  Ces mots pour se faire peur ne cesseront pas quand l'épouse sera enceinte de la petite Gudrun et l'inquiétante bêtification reprendra de plus belle: « Bonne petite bonne femme, garnement aimée du fond du cœur », « le méchant mari va très bien et pense toujours à sa douce petite femme qui va devenir la petite mère de notre doux garnement ». Mais les niaiseries seront bientôt relayées par la chronique hautement hygiénique des maux d'estomac et d'intestins, des bains, des rasages, des changements de linge. 
  Et le Reichsführer finira par signer pitoyablement « ton petit papa » les lettres envoyées à cette mère qu'il n'appellera plus que « Mamette » et qu'il aura, sans l'abandonner, délaissée au profit de sa secrétaire, non moins conforme à la norme des cheveux blonds et des yeux bleus, mais beaucoup plus jeune et avec laquelle, selon la doctrine de la double famille qu'il inculquait à ses SS, il produira deux spécimens de la prétendue race nordique. 

Inconstant

  Heinrich Himmler était avant tout un bureaucrate soucieux du détail jusqu'à la manie. Il compensait ses déficiences physiques par son obsession de la pureté raciale de ses hommes.
Longtemps considéré par les hauts dignitaires du parti comme un « brave petit homme » ayant « un bon cœur mais probablement inconstant ». Il était, aussi surprenant que cela puisse paraître, sensible à la vue du sang. Il raconta alors comment il avait failli avoir une syncope lorsqu'au cours d'une exécution de Juifs en Biélorussie, il fut éclaboussé par un morceau de cervelle sur sa vareuse d'uniforme. Cet individu était psychologiquement instable, dangereux et méthodique au sein de la SS, comme bon nombre de ses membres.  
Si vous ne vous rappelez plus à quoi ressemblait cette sinistre famille. Voici la cruelle banalité en costume de petit bourgeois bavarois.  

 « Bon petit papa » Heinrich, Marga « sa bonne petite femme » et « Püppi » 
Le voisin du dessus (j'espère que vous vous doutiez de qui je parle) leur donnerai presque sa bénédiction ! 

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture !