01/05/2017

Zoom sur une anecdote: 

Heinrich Himmler 


« Le capitaine Max Behring l'a lui serra sans un mot, et se rendit compte de la mollesse de son chef. ».  « Behring le trouva mal à l'aise, gêné, presque intimidé. Un comble. Le chef suprême du Corps Noir intimidé par un simple officier ! », « le Reichführer jetait des regards de tous les cotés, ce qui avait le don d'agacer Behring, qui se garda bien de le laisser paraître. » 
  Ce passage, à la page 282, décrit l'impression qu'a le capitaine Max Behring en rencontrant Heinrich Himmler . Il n'est pas question d'écrire le panégyrique d'un nazi mais de découvrir l'envers du décor. C'est assez surprenant. Comment Heinrich Himmler qui au quotidien n'était qu'un type falot, un tantinet faux derche a été le chef suprême d'un corps d'armée inspirant la crainte à travers l'Europe ? Ce sinistre personnage au visage rond était un individu sans envergure dans sa vie privée. Le genre de type s'aplatissant devant sa femme et faisant preuve de rigidité, de cruauté envers ses subordonnés et les déportés. Quoique parfois sa faiblesse transparaissait lors d'entretiens particulier avec des officiers SS comme la remise de décorations ou de cérémonies.  

Pas un chef

  Au milieu des paranoïaques, zigomars, hystériques et sadiques qui peuplaient les hautes sphères de l’Etat nazi, Heinrich Himmler était un pauvre type souffreteux, une mauviette, faible de corps et d’esprit. Est-ce ça un homme prônant la supériorité de la prétendue race aryenne ? Heinrich Himmler était doté d’une personnalité très difficile à saisir. Ceux qui l’ont connu de son vivant avaient peine, après l’avoir vu, à le décrire. Il y a autant de portraits de Himmler qu’il y a de témoignages: « Une application d’écolier borné, mais aussi quelque chose de méthodique comme peut l’être un automate » (Karl J. Burckhardt); « Un bon maître d’école, certainement pas un chef » (général Walther Dornberger, le père des V1), « Froid, calculateur, avide de pouvoir, mauvais génie de Hitler, l’individu le plus dénué de scrupules du IIIe Reich » (général Friedrich Hossbach); « Jamais je n’ai pu accrocher son regard toujours fuyant et clignant derrière son pince-nez » (Alfred Rosenberg); « Cet homme n’avait rien de diabolique. Courtois, non dépourvu d’humour, il aimait à jeter de temps à autre un mot d’esprit pour détendre l’atmosphère » (comte Bernadotte). 

Monstre ordinaire

  D'après son journal intime, Himmler fait la connaissance, en 1920 ou 1921, de la fille du propriétaire de la ferme-école où il est stagiaire. De nature timide, il ne lui fit jamais part de ses sentiments. Par la suite, les relations avec les femmes semblent inexistantes. Toujours selon son journal, il est fort probable qu'il n'ait eu sa première expérience sexuelle que lors de son mariage à l'âge de vingt-huit ans. En 1926, il rencontre une infirmière divorcée, Margarete Siegroth, née Boden, de sept ans son aînée et protestante. « Marga », grande blonde aux yeux bleus, correspond à l'idéal de la femme aryenne. Ils se marient le 3 juillet 1928; de cette union naît une fille, Gudrun, le 8 août 1929. En 1928, il investira la dot de sa femme dans un élevage de poules à Waldtrudering, dans les faubourgs de Munich. Jusqu'à la fin des années 1920, Himmler continue de s'occuper de sa petite propriété rurale avec son épouse.
Il aime sa fille Gudrun qu'il surnommait Püppi « Poupette »; il n'aura pas la même affection pour le fils adoptif de Marga. Durant ses premières années de vie politique, il semble essayer de remplir son rôle de père et de mari le mieux possible. Les pages de son agenda démontrent qu'il a des conversations téléphoniques quasi quotidiennes avec sa femme et sa fille. Après la faillite de son élevage de poulets en 1929, Himmler prendra de plus en plus de responsabilités au sein du parti nazi et délaissera progressivement son épouse: ils se séparent finalement en 1940 sans divorcer. Le Reichsführer qui entretient depuis 1939 une relation avec une de ses secrétaires, Hedwig Potthast, qui le surnommait « König Heinrich » (le roi Heinrich), aura deux enfants illégitimes avec elle: un fils, Helge, né le 15 février 1942, et une fille, Nanette Dorothea, née le 20 juillet 1944, incidemment le jour de l'attentat contre Hitler. La même année, en 1944, ils finissent également par se séparer.
Jusqu'en 1945, Himmler n'a cessé d'entretenir avec celle qui est restée son épouse légitime, Marga, une correspondance affectueuse, où il ne s'est jamais exprimé sur ses crimes, en particulier l'extermination de masse. 

Niaiseries

  Himmler était un petit bourgeois falot qui compensait ses absences en écrivant qu'il baisait les « bonnes mains », la « chère bouche » de sa « pure et chère haute dame ». Cette correspondance sirupeuse est tellement dépourvue d'intimité qu'elle paraît fausse même si, dans un premier temps, Himmler mettait du piment dans son couple en se proclamant « lansquenet », « homme très méchant » ou en se laissant traiter par sa femme de « garnement », de « fripouille », de « tête de mule », qualificatifs que du reste il lui retourne. En laissant son esprit vagabonder on l'imaginerait presque en train de couiner sous les coups de fouet de sa « pure et chère haute dame » dans une séance SM. 
  Ces mots pour se faire peur ne cesseront pas quand l'épouse sera enceinte de la petite Gudrun et l'inquiétante bêtification reprendra de plus belle: « Bonne petite bonne femme, garnement aimée du fond du cœur », « le méchant mari va très bien et pense toujours à sa douce petite femme qui va devenir la petite mère de notre doux garnement ». Mais les niaiseries seront bientôt relayées par la chronique hautement hygiénique des maux d'estomac et d'intestins, des bains, des rasages, des changements de linge. 
  Et le Reichsführer finira par signer pitoyablement « ton petit papa » les lettres envoyées à cette mère qu'il n'appellera plus que « Mamette » et qu'il aura, sans l'abandonner, délaissée au profit de sa secrétaire, non moins conforme à la norme des cheveux blonds et des yeux bleus, mais beaucoup plus jeune et avec laquelle, selon la doctrine de la double famille qu'il inculquait à ses SS, il produira deux spécimens de la prétendue race nordique. 

Inconstant

  Heinrich Himmler était avant tout un bureaucrate soucieux du détail jusqu'à la manie. Il compensait ses déficiences physiques par son obsession de la pureté raciale de ses hommes.
Longtemps considéré par les hauts dignitaires du parti comme un « brave petit homme » ayant « un bon cœur mais probablement inconstant ». Il était, aussi surprenant que cela puisse paraître, sensible à la vue du sang. Il raconta alors comment il avait failli avoir une syncope lorsqu'au cours d'une exécution de Juifs en Biélorussie, il fut éclaboussé par un morceau de cervelle sur sa vareuse d'uniforme. Cet individu était psychologiquement instable, dangereux et méthodique au sein de la SS, comme bon nombre de ses membres.  
Si vous ne vous rappelez plus à quoi ressemblait cette sinistre famille. Voici la cruelle banalité en costume de petit bourgeois bavarois.  

 « Bon petit papa » Heinrich, Marga « sa bonne petite femme » et « Püppi » 
Le voisin du dessus (j'espère que vous vous doutiez de qui je parle) leur donnerai presque sa bénédiction ! 

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 





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