10/04/2017

Zoom sur une anecdote: 

Guy le sournois, délation 11/11 

« ... Allô ! Guy le sournois, délation 11/11, je vous écoute, raillais-je ». 
  Cette pointe ironique de Nelson Valbo n'est pas une élucubration de plus mais à pour origine une émission culte de l'ORTF, les Dossiers de l'écran qui traitait d'un sujet historique ou sociétal une fois par semaine. Elle fut diffusée sur la deuxième chaîne et ensuite sur Antenne 2 et ce de 1960 à 1981. C'était le fameux Guy Darbois qui choisissait le film précédent le débat. 
    « Allô, SVP ! Guy Darbois, vous m’entendez ? » Cette question, combien de milliers de téléspectateurs l’ont posée ? Chaque fois, ils ont entendu une voix, celle de Guy Darbois (Guy le sournois c'est lui. Hola ! Ne montez pas sur vos grands canassons, c'est d'l'humour, tiré par les crins mais de l'humour quand même) qui, dans les coulisses de l'émission des Dossiers de l’écran, faisait patienter les correspondants. Une sorte d’éminence grise qui, de 1967 à 1980, classait les questions pour qu’elles correspondent au mieux aux courants des opinions exprimées. Mille appels par émission.  
  C'était en quelque sorte l'ancêtre de Tout sur tout ? Le béotien pourrait penser à un top pour je ne sais quelle opération plus ou moins clandestine ou secrète, un truc du genre « Tora Tora Tora » ou « Les sanglots longs des violons de l’automne, blessent mon cœur d’une langueur monotone » (accompagné du célèbre Pom-pom-pom-Pom !, Ici Londres, ça vous parle), mais en fait que dalle, peau d'balle, rien de tout ça. SVP 11 11 était un numéro de téléphone qui permettait au téléspectateur de donner son avis ! L’ancêtre du 2.0 en quelque sorte. C'était aux temps de l'ORTF et des Dossiers de l'écran. Pour en savoir plus, facile: il suffisait d'appeler. Résultat, dans l'émission d'Armand Jammot, le téléspectateur donnait son avis auprès de Guy Darbois, grand maître du standard. Outre cette présence télévisée, SVP était un service de renseignements téléphoniques pour le grand public, créé dès 1935 par Maurice de Turckheim. 

Guy et ses standardistes

   SVP 11 11 nous faisait savoir ce que pensaient les gens. Et ils ne faisaient pas toujours dans la dentelle. Ça en balançait des vertes et des pas murs, ça se fâchait et parfois ça dénonçait à qui mieux mieux ! Chez certains c'est une manie (habitude contracté en temps de guerre, peut être), un TOC. Elles devaient en entendre des vertes et des pas mûres les standardistes que l’on apercevait s’agiter derrière l'inamovible Guy (c’était un peu Guy et ses Standardistes, une sorte de combo téléphonique, un peu sexiste mais on est était à une époque surannée ou les femmes votaient depuis peu) en charge de nous donner la substantifique moelle de la pensée populaire. Les standardistes devaient avoir les cages à miel bien embourbées en fin de journée !  

SVP 11 11 kesako ?

   Qu'est-ce que c'était que ça que c'était ? Vous ouvrez grand vos quinquets, vous faîtes des yeux de lémuriens. Vous bilez pas c'est très simple, S c’était 7, V c’était 8 et P c’était 7; et oui jeunes boutonneuses zé boutonneux Smartphonisé, les bigophones à l'époque avaient des cadrans à chiffres et à lettres, trois par unité exactement sauf le 1 qui n’en avait aucun et le 0 qui indiquait O et Q. SVP 11 11 était donc le 787 11 11. Depuis les trois lettres mythiques ont disparu, le numéro d'appel devenant: 01 47 87 11 11, réservé aux abonnés. Pigé ? Aujourd'hui, le groupe SVP s'est spécialisé dans l'information professionnelle (fiscalité, droit des sociétés, ressources humaines, etc.) à destination des entreprises et collectivités. Aux antipodes des questions existentielles du pékin de base. Et les standardistes se nomment téléopératrices, cela ferait plus classe, parait-il. 
Sur ce, à bientôt... pour une prochaine autopsie. Bonne lecture ! 

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