20/04/2017

Zoom sur une anecdote: 

Suisses déportés 


  « Cinq noms retinrent mon attention par le fait que ces personnes étaient nés en Suisse, une à Bâle, deux à Berne, deux à Zurich... », « Mais j'avouai mon étonnement, c'est la première fois que je découvrais que des Suisses avaient été déportés. » 


Si neutre, si indifférent 

  Des Suisses déportés ???!!! L'étonnement doit être la première réaction, et pourtant... C'est un sujet rarement abordé dont Nelson Valbo prend connaissance. La liste de noms qu'il détient a été inspiré par la lecture d'articles paru dans la presse Suisse Romande. Ils s’appelaient Borcard, Savary, Millasson, Pitteloud ou Lehmann-Bloch. Ils venaient de Vaulruz, Châtel-Saint-Denis, Moudon ou de Payerne. Ils étaient Fribourgeois, Vaudois, Genevois, Tessinois ou Zurichois. Plusieurs centaines de Suisses ont vécu l’enfer des camps de travail, de concentration et d’extermination nazis, dont celui d’Auschwitz où une dizaine de juifs helvètes ont été internés après avoir été raflés à Paris. Il y eu également des protestants déportés à cause de leurs prénoms bibliques. Beaucoup y ont laissé leur peau dans l’indifférence quasi complète à l’époque. 

Ne pas faire de vague
  Une indifférence qui perdure, constate le postier valaisan Laurent F.. 
« Le sujet n’intéresse pas dans notre pays. Je dois même être le seul à le travailler. » 
Si l’historien amateur pense publier le fruit de ses enquêtes à moyen terme, il avoue qu’il n’a pas encore terminé sa traque. 
« C’est un travail long. Il faut contacter les associations de déportés, les familles, les questionner sur le passé de leurs proches. Parfois, elles sont réticentes à dire qu’untel était communiste ou qu’il était passé par un camp. » 
Jusque dans les années 1980, les survivants craignaient de témoigner. Ils voulaient éviter des soucis avec l’armée notamment. 

Pas de privilégié

  Mais qui étaient ces déportés suisses ? En majorité des résistants qui ont participé à l’effort antinazi, essentiellement en France. 
« Fuyant la misère économique en Suisse, de nombreux Suisses avaient cherché un emploi chez nos voisins avant la Première Guerre mondiale et durant l’entre-deux-guerres », remarque Laurent F.
Et lorsque leur pays d’adoption a perdu contre l’Allemagne, ils ont voulu faire quelque chose pour l'aider, poursuit-il. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs été marqués du NN dans leur dos. Un NN qui signifiait Nacht und Nebel (nuit et brouillard) et qui ne laissait que très peu de chance de survie aux condamnés dans l’univers concentrationnaire. D’autres ont quitté la Suisse neutre et hors du conflit pour se battre dans les rangs des troupes alliées. Et aussi dans les Waffen SS. 
« J’ai l’exemple de deux Jurassiens qui voulaient se battre dans la Royal Air Force britannique et qui ont été arrêtés par les Allemands en France. » 
D’autres Helvètes ont été arrêtés pour des trafics, notamment de devises. 
Ce fut le cas d’un employé des CFF qui travaillait du côté allemand, près de Bâle. 

Les Suisses, en tant que ressortissants d’un pays neutre, étaient-ils privilégiés dans les camps ? 
« Pas vraiment, ils étaient soumis aux mêmes règles que les autres prisonniers et le - Sch - (Schweizer) sur leur triangle ne les protégeait pas. » 
répond Laurent F.
Enfin à une exception près, raconte le Valaisan. 
« Un jour, un Suisse détenu à Neuengamme s’était endormi au moment 
de l’appel. C’était considéré comme un sabotage. Les nazis voulaient donc le pendre. Mais il s’en est sorti lorsque l’un d’eux a vu le - Sch - sur sa tenue. Il a dit de le laisser partir. » 

  Notre voisin de palier, ce si « petit » pays, si calme, aux paysages de carte postales est en fait un étang aux eaux calmes où pas une ride n'en trouble la surface. Mais qui a t-il au fond de l'étang ? Lorsqu'on y plonge les mains... surprise !! 

Sur ce... à bientôt pour une prochaine autopsie. Bonne lecture !


  

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